Les locations de courte durée, souvent associées à Airbnb, sont au cœur des débats dans les grandes métropoles européennes. Accusées de provoquer la crise du logement, de favoriser la gentrification ou encore de profiter à une minorité d’investisseurs, elles cristallisent les tensions entre habitants, pouvoirs publics et acteurs du tourisme.
Mais que disent vraiment les données ?
Dans cet article, nous démontons 5 idées reçues sur les locations de courte durée, à partir de chiffres récents et vérifiés, en mettant l’accent sur trois villes clés : Paris, Lisbonne et Barcelone.
Crise du logement : quel est le vrai rôle des locations de courte durée à Paris, Lisbonne et Barcelone ?
L’argument revient souvent dans les médias : les locations de courte durée seraient responsables de la pénurie de logements dans les grandes villes. Pourtant, un rapport de l’OCDE (2023) nuance fortement cette idée.
👉 À Paris, les locations de courte durée représentent environ 3% du parc immobilier total.
👉 À Lisbonne et à Barcelone, ce chiffre est encore plus bas, avec moins de 2% selon les dernières données disponibles.
Ces proportions, bien loin d’un impact massif, suggèrent que les LCD ne peuvent à elles seules expliquer la crise du logement.
Ce qui pèse davantage :
- Le manque de constructions neuves, surtout de logements sociaux.
- La transformation de logements en bureaux ou espaces commerciaux.
- L’attrait croissant pour certaines villes, dû au télétravail ou à la fiscalité.
🛠️ À retenir : Plutôt que d’interdire aveuglément, les autorités locales gagneraient à adopter des stratégies différenciées, fondées sur les données réelles et adaptées aux spécificités de chaque quartier.

Qui sont vraiment les hôtes ? Zoom sur les profils et revenus dans les grandes villes européennes
Autre cliché courant : seuls les investisseurs ou les grandes entreprises profiteraient des plateformes comme Airbnb. Or, les données 2024 de la plateforme apportent un éclairage très différent.
Les chiffres à connaître :
- 80% des hôtes sont des particuliers, souvent propriétaires d’un seul bien.
- Plus de 40% d’entre eux utilisent les revenus de la location pour payer leurs dépenses de base, comme leur prêt immobilier ou leurs factures.
À Paris, de nombreux hôtes louent leur résidence principale quelques semaines par an, notamment pendant les vacances scolaires. À Lisbonne, une partie des retraités complète sa pension grâce à ces revenus. À Barcelone, certains jeunes actifs partagent leur appartement pour alléger leurs charges.
Cas concret :
Prenons l’exemple d’Ana, professeure à Barcelone. Elle loue sa chambre d’amis pendant les festivals locaux. Les revenus couvrent une partie de ses frais de transport et d’électricité.
🛠️ À retenir : Les hôtes particuliers jouent un rôle économique important et ne doivent pas être assimilés aux investisseurs multi-propriétaires. Les régulations doivent faire la différence entre ces deux profils.

Gentrification, fiscalité, vie locale : idées reçues vs données
Certains accusent les LCD de transformer les centres-villes en « parcs d’attractions » pour touristes. Mais des études locales à Paris et Barcelone montrent que la gentrification est avant tout liée aux commerces, aux bars branchés et aux dynamiques de marché, bien plus qu’aux locations ponctuelles.

Focus sur l’impact économique local :
- Selon une étude Oxford Economics (2022), pour chaque 100 € dépensés dans une location courte durée, 69€ sont injectés dans l’économie locale : restaurants, boulangeries, taxis, marchés…
- Airbnb a reversé plus de 6 milliards de dollars de taxes de séjour aux gouvernements en 2022, dont plusieurs centaines de millions en Europe.
- Des outils de transmission automatique des données fiscales sont désormais en place dans de nombreuses juridictions, comme à Lisbonne et à Paris.
Exemple de contribution fiscale :
À Paris, un hôte qui loue légalement paie :
- Une taxe de séjour par nuitée.
- Des impôts sur les revenus locatifs.
- Parfois une cotisation foncière des entreprises.
🛠️ À retenir : Les LCD bien encadrées peuvent être un moteur économique vertueux pour la ville, ses habitants et son tissu commercial. Encore faut-il que les règles soient claires… et appliquées.

Comment encadrer les locations de courte durée sans céder à la panique ?
Les villes pionnières comme Lisbonne, Barcelone et Paris ont déjà mis en place des règlements stricts, avec des résultats contrastés.
Ce qui fonctionne :
✅ Numéros d’enregistrement obligatoire (Lisbonne, Paris)
✅ Plafond de nuitées autorisées par an (120 nuits pour la résidence principale à Paris)
✅ Sanctions contre les plateformes non coopératives
✅ Transparence sur les revenus et transmission aux autorités fiscales
Ce qui pose encore problème :
⚠️ Difficulté à faire respecter les interdictions dans certains quartiers.
⚠️ Contournements par les hôtes via d’autres plateformes ou locations déguisées.
⚠️ Frictions entre résidents permanents et touristes dans les zones très denses.
Exemples de bonnes pratiques :
- À Lisbonne, certaines zones sont classées comme zones d’exclusion pour les nouvelles LCD.
- À Barcelone, la mairie a créé un registre public des logements autorisés.
- À Paris, la reconversion d’un local commercial en location courte durée nécessite souvent une autorisation spéciale.
🛠️ À retenir : Il ne s’agit pas d’interdire massivement, mais de réguler intelligemment, quartier par quartier, en combinant données, dialogue local et contrôles ciblés.
Conclusion : S'informer pour mieux décider
Les locations de courte durée, comme toute activité économique, ont des effets positifs et négatifs. Mais les données récentes montrent qu’elles sont loin d’être le bouc émissaire idéal dans les grandes villes européennes.
👉 Elles ne représentent qu’une part infime du marché immobilier.
👉 Elles soutiennent de nombreux ménages dans un contexte économique tendu.
👉 Elles injectent des ressources dans l’économie locale tout en payant des taxes.

🔑 Pour aller plus loin :
- Les autorités doivent affiner leurs politiques à l’échelle micro-locale.
- Les hôtes doivent être formés, accompagnés et responsabilisés.
- Les plateformes doivent rester transparentes et collaboratives.
📌 En bref : Moins d’idées reçues, plus de données. C’est à cette condition que les locations de courte durée pourront s’inscrire durablement dans nos villes, en respectant leurs habitants et leur identité.
